Les 10 meilleurs salons de thé à Paris pour un tea time inoubliable

Paris s’agite, hurle, court. Entre les klaxons et les terrasses bondées, trouver un instant de grâce relève du miracle. Pourtant, il existe encore des lieux où le temps accepte de ralentir, des salons feutrés où une simple tasse de thé devient un acte de résistance contre la frénésie urbaine. Nous avons parcouru la capitale pour dénicher ces refuges précieux, où le luxe se mesure en minutes suspendues plutôt qu’en décibels. Voici notre sélection des adresses qui transforment le tea time en expérience inoubliable, ces havres où vous pourrez enfin respirer entre deux rendez-vous.
Angelina, l’institution Belle Époque qui ne vieillit pas

Lorsque vous franchissez les portes d’Angelina rue de Rivoli, une vérité s’impose : certaines traditions méritent leur file d’attente. Fondée en 1903 par Anton Rumpelmayer, cette maison a traversé plus d’un siècle sans perdre une once de son éclat. Le décor Art déco imaginé par Edouard-Jean Niermans vous plonge dans l’atmosphère de la Belle Époque, avec ses fresques aux ocres méditerranéens et son mobilier somptueux.
Le chocolat chaud à l’ancienne reste le trésor absolu de la maison, préparé à partir de trois cacaos d’exception du Niger, du Ghana et de Côte d’Ivoire. Dense, onctueux, presque indécent. Le Mont-Blanc, cette montagne de crème de marrons vanillée couronnée de meringue, défie toute description rationnelle. Marcel Proust et Gabrielle Chanel ne s’y trompaient pas quand ils y avaient leurs habitudes. Aujourd’hui encore, plus de quarante artisans pâtissiers perpétuent cet héritage chaque jour, en adaptant légèrement les recettes aux attentes contemporaines avec des desserts un peu moins sucrés.
Oui, vous attendrez peut-être trente minutes avant d’obtenir une table. Mais honnêtement, ce moment en vaut chaque seconde. L’adresse mythique du 226 rue de Rivoli continue de séduire autant les Parisiens que les visiteurs du monde entier, preuve que l’excellence reste intemporelle.
Ladurée, quand le macaron devient une religion

Depuis 1862, Ladurée incarne l’art de vivre à la française dans ce qu’il a de plus raffiné. Louis Ernest Ladurée avait ouvert une simple boulangerie rue Royale, mais c’est son épouse Jeanne Souchard qui révolutionna le concept en fusionnant café et pâtisserie, donnant naissance au premier salon de thé parisien. Le décor Napoléon III aux teintes pastel délicates, les dorures subtiles et les fresques signées Jules Chéret créent une atmosphère où chaque détail respire l’élégance.
Bien sûr, impossible d’ignorer le macaron, cette petite merveille que Pierre Desfontaines a perfectionnée en assemblant deux coques d’amande autour d’une ganache. Mais Ladurée, c’est bien plus que ces 20 000 macarons vendus quotidiennement dans le monde. La carte des thés exclusifs propose des assemblages rares qui méritent qu’on s’y attarde, tandis que les créations pâtissières changent au fil des saisons.
Nous apprécions particulièrement l’adresse des Champs-Élysées, ouverte en 1997, qui perpétue l’esprit de la maison tout en offrant un espace plus contemporain. Ladurée a su traverser les époques en restant fidèle à son ADN : raconter Paris et l’esprit parisien à travers chaque bouchée, chaque tasse, chaque instant partagé.
Le salon de thé de la Mosquée de Paris pour s’évader sans billet d’avion
Vous franchissez le seuil du 39 rue Geoffroy-Saint-Hilaire, et soudain Paris disparaît. Le patio orné de zellige colorés, le parfum du thé à la menthe qui flotte dans l’air, le murmure de la fontaine, les arabesques qui courent sur les murs : le voyage est immédiat, total, troublant. Fondé en 1980, ce restaurant et salon de thé propose une authentique cuisine marocaine dans un cadre qui transporte véritablement.
Le rituel est simple et immuable : vous choisissez votre pâtisserie orientale dans la vitrine d’entrée pour seulement 2 euros, puis vous trouvez une place dans la cour intérieure protégée par des bâches transparentes. Un serveur zigzague entre les tables avec son plateau de petits verres de thé à la menthe à 2 euros également. Les oiseaux nichés dans l’arbre central ajoutent leur mélodie à l’ambiance apaisante du lieu.
Certes, les portions semblent modestes et le thé disparaît en quelques gorgées, mais l’expérience vaut largement son pesant d’or. Ce havre permet de s’offrir une parenthèse orientale sans quitter le 5ème arrondissement, accessible via les métros Jussieu ou Censier-Daubenton. Un dépaysement total qui réconcilie avec la notion de pause véritable.
Le Ritz Paris et son Salon Proust, l’excellence dans chaque tasse

Entrer au Salon Proust, c’est pénétrer dans une bibliothèque littéraire où le temps s’est figé. Les boiseries anciennes, les fauteuils en cuir patinés, la cheminée crépitante en hiver : tout ici rend hommage à Marcel Proust, fidèle de la première heure qui passait des heures dans ce coin du lobby à observer la vie du palace. Le lieu respire l’intimité feutrée des grands salons littéraires parisiens.
François Perret, le chef pâtissier du Ritz, propose un tea time à la française servi quotidiennement de 13h à 19h. Contrairement aux tea times à l’anglaise, pas de scones ni de sandwichs ici, mais un assortiment de biscuits régressifs qui réinventent les douceurs de l’enfance avec une légèreté et une finesse remarquables. Sa madeleine inspirée par celle de Proust constitue à elle seule une expérience sensorielle qui justifie le déplacement.
La carte des thés propose des crus d’exception, dont certains donnent lieu à une véritable cérémonie du thé chinoise, le Gong Fu Cha. À 68 euros la formule avec boisson chaude ou 88 euros avec champagne, le luxe a un prix. Mais la réservation obligatoire et les politiques d’annulation strictes témoignent de l’excellence absolue qui règne ici. Certaines expériences méritent qu’on y mette le prix, et celle-ci en fait indéniablement partie.
Toraya, l’élégance japonaise au cœur de Paris

Au 10 rue Saint-Florentin, près de la Concorde, Toraya perpétue depuis 1980 un savoir-faire ancestral. Cette maison, fournisseur officiel de la cour impériale japonaise depuis le XVIe siècle, a importé à Paris l’art du wagashi, ces pâtisseries traditionnelles japonaises à base de farine de riz, de haricots azuki et d’agar-agar. L’approche contraste radicalement avec l’opulence des salons parisiens classiques.
La décoration minimaliste conçue par Tsuyoshi Tane célèbre le savoir-faire artisanal. Les tables appelées « YOKAN TABLE » en chêne français peint couleur azuki rouge et recouvertes de résine brillante évoquent l’agar-agar naturel. Les murs aux contours arrondis sans angles aigus incarnent le « cœur de l’harmonie » japonais, cette douceur respectueuse qui apaise immédiatement.
Le thé matcha servi selon le rituel zen, les namagashi qui changent avec les saisons, les monaka aux fines gaufrettes fourrées : chaque élément raconte une histoire de précision et de respect des traditions. La fashion sphère de la rue Saint-Honoré s’y presse à l’heure du déjeuner pour les menus bento minimalistes. Toraya prouve que Paris peut accueillir toutes les cultures du thé avec la même exigence d’excellence.
Violetta & Alfredo, quand l’opéra rencontre la gourmandise

Ivan Alvarez, pâtissier d’origine espagnole et passionné d’opéra, a ouvert il y a six ans ce salon de thé au 30 rue de Trévise. Le concept audacieux marie ses deux amours : la pâtisserie et l’opéra La Traviata de Verdi. Le décor somptueux imaginé par Ivan transporte immédiatement dans l’univers romantique et tragique de Violetta et Alfredo, avec ses tableaux, ses fresques évoquant les scènes emblématiques de l’opéra, ses meubles élégants et ses lustres en cristal.
Les pâtisseries maison préparées sur place avec des ingrédients de saison sélectionnés rigoureusement rivalisent de beauté et de saveurs. Les cakes, cookies accompagnés de crème anglaise et chantilly maison, ou encore les pancakes « Amami Alfredo » au saumon, avocat, mascarpone et sirop d’érable démontrent une créativité assumée. Le chocolat à l’ancienne et le chocolat espagnol à la tasse complètent une carte qui refuse la banalité.
Le salon propose des concerts lyriques en direct, renforçant cette atmosphère théâtrale unique dans le paysage parisien. Ouvert du mercredi au samedi de 10h à 21h et le dimanche de 11h à 19h, avec un brunch quotidien à 28 euros dès 10h, Violetta & Alfredo s’impose comme un bijou du 9ème arrondissement où tradition pâtissière française et élégance de l’opéra italien célèbrent un mariage réussi.
Le Burgundy Paris, un voyage gustatif à chaque bouchée

Sous la verrière lumineuse du Bar Le Charles au cœur de cet hôtel cinq étoiles du 8ème arrondissement, le chef pâtissier Léandre Vivier orchestre un tea time qui refuse les frontières. Du jeudi au dimanche de 15h à 17h45, la Vitrine à Pâtisserie conçue par l’architecte Marie Deroudhile dévoile ses trésors : dôme de mangue, shiso ananas, tartelette chocolat Arriba 75% au cœur coulant de caramel.
Les thés rares Dilmah proviennent directement de la maison familiale basée au Sri Lanka, ajoutant une dimension d’authenticité à l’expérience. Léandre Vivier affectionne particulièrement les épices de voyage qui ponctuent ses créations : gyozas chocolat baignés dans un bouillon chocolat thaï évoquant Bangkok, Paris-Brest au chocolat du Pérou rappelant Cusco, œuf mille-feuilles au praliné vanille.
À 65 euros avec les thés ou 80 euros avec une coupe de champagne Deutz, ce tea time assume pleinement son positionnement haut de gamme. Le patio du Charles, véritable écrin végétal, offre une oasis urbaine où luxe discret et sensorialité se conjuguent harmonieusement. Réservation indispensable pour cette adresse qui prouve que voyager sans quitter Paris reste possible à condition de choisir les bonnes escales.
Rose Bakery, le refuge bucolique du 9ème arrondissement

Niché dans la cour du Musée de la Vie Romantique au 16 rue Chaptal, ce salon de thé géré par Rose Bakery constitue l’un des secrets les mieux gardés de Paris. L’ancienne demeure du peintre romantique Ary Scheffer abrite aujourd’hui une terrasse ombragée et une serre lumineuse conçues par Émilie Bonaventure et Thierry Dalcant. Le jardin calme et verdoyant, loin du tumulte de la capitale, vous transporte littéralement en pleine campagne.
La fontaine aux poissons rouges ajoute sa mélodie aquatique à l’atmosphère apaisante. Le carrot cake légendaire de Rose Bakery, les cookies, brownies, quiches et salades maison préparés le jour même avec des produits biologiques et de saison incarnent cette cuisine saine et réconfortante qui a fait la réputation de l’enseigne depuis 2002. La décoration minimaliste dans un esprit wabi sabi japonais renforce cette impression de sérénité absolue.
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, accessible via les métros Saint-Georges, Pigalle ou Blanche, ce lieu méconnu du grand public inspire encore aujourd’hui les artistes qui y trouvent refuge. Rose Bakery offre cette pause bucolique et gourmande dont tout Parisien rêve secrètement, ce moment suspendu où l’on oublie complètement dans quelle ville on se trouve.
Le tableau comparatif pour choisir selon vos envies
| Nom du salon | Arrondissement | Spécialité signature | Ambiance | Prix moyen |
|---|---|---|---|---|
| Angelina | 1er | Chocolat chaud à l’ancienne et Mont-Blanc | Belle Époque, Art déco somptueux | 15-25€ |
| Ladurée | 8ème | Macarons et thés exclusifs | Napoléon III, élégance pastel | 20-30€ |
| Mosquée de Paris | 5ème | Thé à la menthe et pâtisseries orientales | Patio marocain dépaysant | 4€ |
| Salon Proust – Ritz | 1er | Madeleine de François Perret | Bibliothèque littéraire feutrée | 68-88€ |
| Toraya | 1er | Wagashi et thé matcha | Minimalisme japonais zen | 15-20€ |
| Violetta & Alfredo | 9ème | Pâtisseries maison et concerts lyriques | Opéra romantique et théâtral | 15-28€ |
| Le Burgundy Paris | 8ème | Créations exotiques de Léandre Vivier | Verrière lumineuse et feutrée | 65-80€ |
| Rose Bakery | 9ème | Carrot cake et préparations bio | Jardin bucolique et serre | 8-15€ |
Nos conseils pour profiter pleinement de votre tea time parisien
Après avoir testé l’ensemble de ces adresses, nous avons identifié quelques astuces qui transformeront votre expérience. La réservation s’impose pour les institutions comme Angelina, Ladurée ou le Salon Proust du Ritz, surtout pendant la haute saison touristique entre avril et octobre. Certains établissements appliquent des frais d’annulation substantiels en cas de désistement tardif, alors vérifiez bien les conditions.
Le timing compte énormément. La plupart des salons parisiens connaissent une affluence maximale entre 15h et 17h. Privilégiez le milieu de matinée vers 11h ou la fin d’après-midi vers 18h pour bénéficier d’une atmosphère plus paisible et d’un service moins pressé. Les week-ends et jours fériés multiplient naturellement la fréquentation, alors que les mardis et mercredis offrent généralement plus de tranquillité.
Concernant le choix du thé, n’hésitez jamais à solliciter les conseils du personnel. Les meilleurs établissements emploient de véritables experts capables d’accorder le thé aux pâtisseries que vous avez sélectionnées. Un thé blanc délicat magnifiera des pâtisseries légères aux fruits, tandis qu’un thé noir corsé équilibrera parfaitement le chocolat ou les crèmes riches. Quelques recommandations pratiques méritent votre attention :
- Prévoyez un budget entre 15 et 25 euros par personne dans les adresses haut de gamme, et entre 8 et 15 euros dans les établissements plus accessibles comme la Mosquée de Paris ou Rose Bakery.
- Renseignez-vous sur les collections saisonnières de pâtisseries et de thés, nombreux établissements renouvellent leur carte quatre fois par an.
- Respectez l’étiquette des salons de thé : contrairement aux cafés où l’on peut s’installer des heures, les établissements prisés apprécient un certain roulement aux heures de pointe.
- Demandez toujours l’autorisation avant de photographier, particulièrement dans les palaces où la discrétion prime.
Paris révèle sa vraie nature dans ces instants suspendus, quand une tasse fumante et une pâtisserie réussie suffisent à justifier l’existence. Les meilleurs salons de thé parisiens ne vendent pas du sucre et de la théine, ils commercialisent du temps volé à l’agitation, des respirations arrachées au chaos urbain, et c’est précisément ce luxe-là qui n’a jamais eu de prix.






